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Les graffitis de prisonniers templiers.



Extrait du document de Serge RAMOND, "Un patrimoine culturel oublié : les graffiti", publié dans la revue archéologique de l'Oise (n°23) en 1981.

Graffiti (Domme - Dordogne) - © Jerry Glover – Lost Graffiti of the Templars


Les graffiti répertoriés comme dus à des prisonniers Templiers, sont bien connus des historiens, et la littérature qui en a développé le sujet tente d'en faire preuve.

Nous ne donnerons pas ici systématiquement foi aux analyses diverses, car il ne peut y avoir là, en effet, que conjectures.

Il est à remarquer, que ces graffiti n'existent généralement que dans

les cachots d'édifice de type castral, et qu'ils appartiendraient donc

au tout début du XIVe siècle. Nous pensons en particulier à la bastide de Domme et aux châteaux de Chinon, Gisors et Bourdeilles.

Or à Domme, dans ces tours du XIVe siècle, dépouillées de leur toiture

à la fin du XVIe siècle, hormis la présence de croix dont une pattée, aucune trace véritablement probante d'un séjour de prisonniers templiers ne peut conforter les affirmations interprétées par « certain chercheur ».

Ces informations, extrapolées à partir d'empreintes au papier et

reprises au crayon feutre, ne sont pas des estampages, et ne règlent aucunement la question de « La Foi des Templiers » (1).

Ces estampages apocryphes portent préjudice à la vérité archéologique.

Comme nous le savons, les pierres, au cours des siècles, perdent leur matière de surface ou se calcifient. Comment peut-on imaginer alors relire dans un ensemble de gravures, exposées aux intempéries depuis la fin du XVIe siècle et encore bien lisibles comme à Domme, des inscriptions qui n'auraient été que frottées avec un outil plat sans aucune morsure en creux ?

Il suffit d'observer objectivement les graffiti des tours de la bastide de Domme pour s'apercevoir de l'imposture et de l'influence surprenante de l'imaginaire sur certains esprits « scientifiques » .

Nous retrouvons une démarche analogue avec des inscriptions « fantômes » et minuscules sur les pierres de la salle du prisonnier de la Tour Ferrée à Gisors :

là aussi, il y a fabulation par volonté obstinée de faire la preuve d'une idée (2). Cependant ces graffiti auxquels nous faisons allusion ne sont pas du XIVe siècle.

Fort heureusement, quelques observateurs sérieux ont constaté le fait.

Il n'est pas exclu, toutefois, que quelques figurations bien lisibles des étages supérieurs de cette tour de Gisors soient l'œuvre des Templiers qui y séjournèrent, mais, là encore, rien ne le prouve vraiment, malgré l'existence d'une croix pattée dont la datation tout à fait incertaine est sujette à controverses.

Au château de Bourdeilles, dans un cul de basse-fosse à 7 mètres de profondeur, existe un ensemble gravé tout à fait surprenant.

Selon Monsieur et Madame DELLUC qui ont fait une étude très objective de ce site, il pourrait s'agir de l'œuvre d'un prisonnier templier, par les sujets représentés et en raison du contexte historique de ce château féodal(3).

Quant à Chinon, les observations données par quelques chercheurs ne permettent pas de croire à un message de templiers : nous savons que Jacques de Molay, Hugues de Pairaud, Geoffroy de Charnay, Raimbaud de Caron et Godefroy de Gonneville y séjournèrent en l'année 1308. Or, aucune signature de ces noms n'est présente, et les figurations ésotériques que nous avons examinées pourraient être l'œuvre de n'importe quel prisonnier.


Enfin il convient de remarquer qu'il n'existe aucune des traces templières dans les commanderies que nous avons visitées, pas plus que sur les églises.

NOTES

(1) Chanoine P.M. TONNELIER. A

Domme en Périgord le message des Templiers, in Archéologia, février 1970, n° 32. — Chanoine P.M. TONNELIER, La Foi des Templiers, in Archéologia, mars 1970 et janvier 1971, n° 33 et 38.

(2) Chanoine P.M. TONNELIER, Le Prisonnier de Gisors ou l'écroulement d'un mythe, in Archéologia, novembre/décembre 1971, n° 43.

(3) Brigitte et Gilles DELLUC, Les gravures du Donjon de Bourdeilles, in Bulletin de la Sté historique et archéologique du Périgord, 1977, t. CIV.

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